RDC: Le Trésor caché de Rubaya
Le spectacle des belles collines et pâturages nous parait fascinant. Hélas une toute autre réalité se cache derrière. Pour accéder à Rubaya l’on emprunte les routes quasi impossibles de ce territoire et les infrastructures routières en mauvais état. Sur le trajet menant vers Masisi les ponts ménacent de s’écrouler comme sur Bihambwe un rond-point sur les routes qui mènent à Rubaya.
A une soixantaine des kilomètres de la ville de Goma se trouve les carrières minières de Rubaya. Une localité des collines mystérieuses du territoire de Masisi qui régorgent des matières premières dont le coltan et cassitérite, des minerais spéciaux de la province convoités par des pays frontaliers de la RDC et multinationales.
Le trafic minier est presque la seule source des revenus quotidiens pour les habitants, pourtant une région à priori agricole. Lors de notre arrivée vers 13 heures un de nos guides qui travaille au sein d’une ONG internationale œuvrant dans le zone nous conduit dans le camp des déplacés pour voir si l’on trouverait quelqu’un qui pourrait bien nous aider à escalader les collines.
Il eut un jeune volontaire :Innocent, 16 ans, que nous avons rencontré dans la cité et qui vit dans le camp des déplacés en plein cœur de Rubaya , partant pour nous accompagner puisqu’il connait bien les coins de cette cité.
Pour survivre il fait comme la majorité des jeunes, chaque matin il prend la route et se rend dans la mine d’Iyange pour creuser et revenir vers le soir avec un peu d’argent qu’il contribue aussi à sa famille pour avoir à manger.
L’après-midi de la journée nous devrions rencontrer un minier du centre de négoce de Rubaya car sans son autorisation c’est peine perdue d’entrer dans les carrés miniers.
Au Congo tout est protocolaire
C’est des heures d’attente qu’on passe au centre pour que le minier passe un coup de fil à un responsable pour nous donner accès à la mine. Finalement, c’est pour le lendemain qu’on nous fixe un rendez-vous.
En rentrant à l’hôtel un jeune homme s’approche de nous et se présente comme un négociant du nom de James, je suppose qu’il pensait que nous étions des acheteurs des minerais puisqu’on était en compagnie des amis bazungu (blancs) donc on ne pouvait qu’être intéressés. Il nous ramène jusqu’à son domicile pour exhiber les matières qu’il revend.
James achète des matières à la Mine d’Inyange, les ramène à la rivière pour les faire traiter afin de les revendre aux preneurs qui ne sont des personnes qui viennent de Goma en majorité. Les conditions de travail des mineurs restent encore une fois difficiles suite aux galéries profondes, souligne James qui gagne au moins 1500$ le mois vendant un kilo à 25 dollar. Bien sur que cela est sujet d’une fluctuation et difficile à vérifier.
Qui sont les acheteurs de ces minerais ?
James bredouille, il ne donne pas des détails sur les acheteurs ; précisant seulement que ce sont des intermédiaires qui les acheminent à Goma pour ensuite les revendre aux étrangers, que lui ne connait.
Le gagne-pain de chacun dans ces mines mortels est bien différent : Le jeune Innocent qui n’a que 16 ans et passe au moins 8 heures par jour sous ces mines n’est payé qu’avec 1000 francs congolais la journée. Pourtant – et lui même en est bien conscient – ce travail peut lui coûter la vie.
A l’aube prête, nous montons – à travers les brumes qui couvrent la route – la colline magique, qui fait survivre la majeure partie des habitants de cette cité très mouvementée. Pour la gravir, nous mettons 2 heures de temps de marche.
En cours de route, des hommes montent et descendent avec des sacs remplis des matières. Afin nous arrivâmes au pic de la colline où la pente est très glissante en période des pluies. Un faux pas et on fini soit les jambes cassées soit au bas de la montagne. L’exploitation des minerais par les creuseurs se fait dans les conditions les plus dangereuses dans cette zone minière à Inyange sur la colline portant le même. Les mineurs se lèvent tôt le matin pour grimper et passent 10 heures sous ces mines au péril de leurs vies.
Ce n’est que vers le soir ou l’on aperçoit sur la montagne la lumière des torches que portent les mineurs pour illuminer le chemin comme il n’y a pas d’électricité dans cette contrét qui fait peur la nuit, me dit un habitant.
En leurs posant la question si ils savent à quoi servent ces minerais, les creuseurs ne disposent d’aucune véritable réponse, sauf certains d’eux qui apprennent d’autres qu’ils fabriquent des casseroles ou d’ustensiles de cuisine.
C’est dans cette ignorance que la plupart des Congolais sont aujourd’hui plongés dans la misère et la violence sans pouvoir espérer profiter prochainement des fantastiques richesses qui dorment sous leurs pieds.
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