RDC:La traque des rebelles ADF mérite une bonne planification
La RDC a lancé des opérations militaires contre les rebelles ougandais ADF regroupant des mouvements d’opposition au président Yoweri Museveni. Implanté dans la chaîne du Rwenzori en territoire de Beni au Nord-Kivu. Essentiellement composé d’islamistes, l’ADF est dirigé depuis 2007 par Jamil Mukulu, un chrétien converti à l’islam.
Jason stearns chercheur est auteur américain basé à Bukavu et Christoph Vogel analyste-chercheur indépendant sur des questions sécuritaires dans la région des Grands Lacs
L.Uwera: Quelle lecture vous faites en lien avec ces opérations ?
J.Stearns: La victoire contre le M23 ne devrait pas être un exemple à suivre pour les FARDC et la MONUSCO. D’abord cette victoire a été facilitée et bien préparé par des actions politiques. On a vu que le Rwanda a retiré son soutien la veille de cette offensive à cause de la pression diplomatique sur elle, et le M23 seul ne pouvait pas faire face à la MONUSCO et les FARDC. L’ADF et les FDLR sont très différent comme mouvements, n’ont pas des parrains similaire au niveau international et il est difficile de concevoir des actions diplomatique pareilles.
Deuxièmement, le M23 était un mouvement avec des ambitions politiques qui visait à gouverner la population et à contrôler des grandes villes. On ne peut pas dire la même chose pour l’ADF-Nalu, ni pour les FDLR. Ces deux groupes ne vont pas se battre sur la route ou pour le contrôle des villes. Au contraire, ils vont probablement se retirer en brousse pour faire la guérilla. Comme ils l’ont déjà démontré, Ils vont prendre en otage la population locale, l’utiliser comme bouclier humain et faire des massacres des civiles un levier contre la communauté internationale.
L.Uwera: La traque contre les rebelles ADF n’est-elle pas prématurée pour les FARDC sachant que la donne n’est pas la même que celle du M23, vu que c’est un mouvement très ancien avec des bases solides dans les chaînes du Rwenzori?
Ch.Vogel: Des opérations contre les ADF seront certainement un défi pour les FARDC, surtout après l’assassinat du Colonel Mamadou Ndala, qui devrait être adéquatement remplacé en premier lieu. En dehors de cela, les ADF ont démontrés pendant les dernières années leur capacité de vite s’adapter à des dangers pour leur propre survie en tant qu’organisation militaire non-étatique, notamment par un mix de stratégies conventionnelles et non-conventionnelles.
L.Uwera: Récemment la Monusco dans sa conférence hebdomadaire elle a déclarée que ce groupe rebelle est très nuisible et que la situation sur terrain mérite une planification, bonne préparation et plus des renseignements pour les confronter. Quel est votre analyse ?
J.Stearns: La MONUSCO a raison : Pour la réussite des opérations contre ces deux groupes rebelles, il faudra une bonne planification et des bons renseignements. Mais il faut aller plus loin : il faudra des unités commando et bien des forces spéciales qui peuvent cibler chirurgicalement le système nerveux central, c’est à dire le haut commandement de ces groupes, pour éviter le plus des dégâts collatéraux contre les civiles. Est-ce que ces unités existent au sein des FARDC et de la MONUSCO ?
Pour les deux groupes il est important au même temps d’entamer discrètement des discussions avec des commandants ADF et FDLR qui n’ont pas des dossiers judiciaires au Congo ou bien à l’étranger. Pour les FDLR il est possible aussi d’envisager, par exemple, un tiers pays d’exile pour ce genre des commandants, pour encourager leur défection et la défaite de ces groupes.
L.Uwera: Pensez-vous que la MONUSCO et sa Brigade d’intervention sont prêtes pour éliminer le groupe négatif et s’engager dans les combats afin de mettre fin à ce mouvement ?
Ch.Vogel: En ce qui concerne l’ADF comme l’un des futurs objectifs de la brigade, il est à noter que le contingent tanzanien a récemment renforcé sa posture au niveau de Beni, précisément à Kamango. Des sources onusiennes par contre, indiquent que la partie de la brigade responsable pour les ADF ne serait pas encore prêt a entamer ces opérations a ce point, ceci est lier aussi a des impératifs politiques et opérationnels au sein de la MONUSCO en général.
L.Uwera: Les Forces armées congolaises sont déterminées à désarmer les rebelles ADF avec ou sans l’appui de la Monusco ont-elles les moyens possible ? Ne pourront-elles pas se retrouver dans un piège si quelques éléments de la rébellion défaite en novembre dernier, le M23 sont signalé dans la zone?
Ch.Vogel:Comme les préparatifs au sein de la brigade d’intervention de la MONUSCO semblent avoir besoin de plus de temps a ce point, les incidents sécuritaires des derniers mois, surtout dans la zone de Mbau et Kamango en territoire de Beni donnent raison à croire que cela ne sera pas une opération facile, étant donner les caractéristiques des ADF, notamment leur cohésion interne et mobilité. Des rapports ont signalé que les ADF se seraient partiellement déplacé vers le district de l’Ituri en province Orientale. En ce qui concerne le M23, les informations actuelles ne confirment ni un regroupement de ce mouvement sur le sol congolais (par contre, des premiers rapports avaient suggérés cela et doivent être confirmés) ni une collaboration entre eux et les miliciens de l’ADF. Si cela pourrait avoir lieu ou pas est il est difficile a deviner, mais au cas ou, cela serait certainement une alliance inattendue.
L.Uwera: Pourquoi l’armée semble-t-elle se précipiter dans ces opérations ?
Ch.Vogel:Etant donne l’impetus de la victoire contre le M23, le gouvernement congolais ainsi que les FARDC peuvent être intéressés de maintenir cet esprit et rapidement continuer à s’engager contre les différents groupes armes, notamment les ADF, FDLR, et d’autres. En même temps, nous vivons une période d’inquiétude au niveau national, provoqué par les incidents du 30 décembre dernier, ainsi que la mort du Colonel Mamadou puis les affrontements au Katanga. Vu que le gouvernement à finaliser son nouveau plan de DDR mais les bailleurs internationaux ne semblent pas encore avoir joint ce processus, il s’agit d’une décision tactique importante de choisir le bon moment pour continuer les opérations militaire. Trop tard, la dynamique créé dans les opérations anti-M23 serait éventuellement perdu, trop tôt, le risque de se retrouver avec des milliers de combattants démobilisés avant que le DDR devient opérationnel pourrait également créer des dégâts considérables.
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